top of page
Lara-Estoppey_Chute-de-Morgenstern_2019.

Chute de Morgenstern, néoprène, viscose, 50x32x32cm, 2019

Retard-indéterminé_cachemire-polyester_8

Retard indéterminé, cachemire, polyester, 80x40x15cm, 2019 (détail)

3024_Expo Lara Estoppey_photo Fabienne S
3028_Expo Lara Estoppey_photo Fabienne S
"Chemin des Platanes" Lara Estoppey_photo Fabienne S
"Chute de Morgenstern" Lara Estoppey_photo Fabienne S
3056_Expo Lara Estoppey_photo Fabienne S
3049_Expo Lara Estoppey_photo Fabienne S
"Grand Poudrier" Lara Estoppey_photo Fabienne S
"Ici, il manque une révolution" Lara Estoppey_photo Fabienne S

Lara Estoppey : l'incessante hors de portée

 

Empreinte du monde des films de Werner Herzog et des écrits de Julien Gracq, mais aussi des regards et des rêveries défenestrées de Brueghel, Lara Estoppey investit notre Espace pour sa première exposition personnelle. 

 

Animaux et personnages, frise de bonshommes conquérants, scarabée sacré. Ici elle ne mettra pas ses dessins en avant : place à ses sculptures de tissu, étranges, fortes. « L’enfance c’est la vie d’une bête » dit-elle. A voir absolument.

 

Lara est un poème qu’on lit dans la pénombre, sous un arbre dont les feuilles encore tremblantes en dérègleraient la lecture. Elle crée des personnages et des animaux en tissu, retravaille ce jouet de l'enfance, lui ajoute de l'étrange, des questions, des réponses et de l’imaginaire, comme pour s'adresser déjà à l'adulte en devenir. Chercher sans cesse cet accord entre bizarre, drôle et triste, comme un son de trompette. Et puis faire quelque chose d'artistique, avec générosité, avec les mains.

 

Comme Alice, elle écrit à Carroll qu’il n’est aucune merveille autre que le lieu inabordable, entre la griffure et l’ongle, le grain d’un velours que l’on effleure et que l’on coupe. Je repense au film de De Jan Svankmajer (1988) dans lequel, à chaque fois qu’il sort sa montre à gousset d’une blessure décousue, le lapin pressé se vide de sa substance vitale, perd le grain de ce quoi il était empli. 

 

Lorsque Lara Estoppey montre l’intérieur des choses, c’est encore un extérieur. 

 

Dans la scénographie de l’exposition, la douceur fait face à ce vide. Une sorte de surréalisme romantique. Le saut possible d’un ange dans l’amour. Du haut des touches restantes d’un piano désossé qui fixerait par avance la mélodie absurde. 

 

Étrange amour pour une étoile du matin : le bousier du cosmos démultiplie la chute de Morgenstern, le pousse jusqu’à son dernier refuge. Le cœur d’un jouet dangereux. 

 

Ne fourrez pas trop vos doigts sales à l’intérieur des lézardes roses des cœurs encore vivants : un ruisseau en jaillirait, considérable, comme du milieu du sommeil s’extrait l’image d’un cauchemar. Tout s’estompe par la forme, le monde sans aucune signification. Il faudrait s’éveiller.

Nicolas Marolf, responsable de l’exposition

bottom of page